Histoire du chocolat
.. ( Sculpture du Dieu Quetzalcoalt )
Étymologie du chocolat
Le mot chocolat vient très probablement de la langue nahuatl parlée dans le Mexique central, bien qu'il ait pu avoir été influencé par les langues mayas . Une théorie communément admise voudrait que ce mot vienne du mot nahuatl xocolatl ou chocolatl, dérivé du xocolli, « amer », et atl, « eau ». D'autre part, le philologue mexicain Ignacio Davila Garibi a proposé que les Espagnols aient inventé le mot en prenant le mot maya chocol et en remplaçant le mot maya pour l'eau haa, par le mot aztèque atl. Mais cette théorie suppose que les conquistadors aient changé des mots indigènes de deux langues très différentes, tout en adoptant des centaines de mots de ces mêmes langues réelles ; un scénario improbable.
Le nahuatl, qui dérive probablement de nahuatlahtolli, signifiant « parole claire, harmonieuse, qui rend un bon son » est une langue parlée au Mexique et au Salvador par les nahuas (groupe ethnique duquel les Aztèques et les Pipils faisaient partie). Le nahuatl reste la langue indigène la plus parlée au Mexique. Elle compte plus de 1,6 millions de locuteurs, principalement dans certains États méridionaux : Puebla , Veracruz , Hidalgo et Guerrero . La grande majorité des personnes connaissant le nahuatl — à l'exception des personnes âgées — ont aussi une bonne connaissance de l' espagnol , qui a eu une forte influence sur le nahuatl contemporain. Le nahuatl est aujourd'hui composé de plusieurs dialectes dont certains ne permettent pas l'intercompréhension.
Le nahuatl appartient à la branche méridionale de la famille uto-aztèque . Il s'agit d'une langue agglutinante . C'est aussi une des très rares langues du monde à ne pas distinguer clairement les verbes des noms ; n'importe quel mot, en effet, peut jouer le rôle du prédicat : on dit de cette langue qu'elle est omni-prédicative.
Icone nahuati
Queltzalcoat
Le mexique
Dans un article récent, les linguistes Karen Dakin et Søren Wichmann ont montré que dans beaucoup de dialectes nahuatl le mot est chicolatl, plutôt que chocolatl. En outre, beaucoup de langues au Mexique, telles que Popoluca, Mixtèque et Zapotèque, et même des langues parlées aux Philippines ont emprunté cette forme du mot.
Le nom latin du genre botanique du cacaoyer, "Theobroma", signifie "Nourriture des Dieux".
Le français a emprunté quelques mots au nahuatl comme « avocat /ahuacatl » (la plante), « chocolat /xocolatl », « coyote /coyotl », « ocelot /ocelotl », « peyotl » , « teocalli », « cacahuète /cacahuetl », « copal », « cacao /cacahuatl », « tomate /tomatl » ou « haricot » (par croisement avec le verbe harigoter).
On trouve un certain nombre de mots d'origine nahuatl en français , notamment haricot, ocelot, avocat, cacahuète, cacao, chocolat, coyote, tomate, axolotl. L' espagnol a souvent servi d'intermédiaire.
Les origines
Dès leur apparition, les fèves de cacao ont été utilisées par les habitants d'Amérique centrale comme monnaie d'échange et unité de calcul, cela déjà environ 1 000 ans av JC. Un Zontli était égal à 400 fèves, tandis que 8 000 fèves étaient égales à un Xiquipilli. Dans les hiéroglyphes mexicains, un panier contenant 8 000 fèves symbolisait le chiffre 8 000.
Des résidus de chocolat ont été découverts dans des poteries olmèques ce qui signifie que cette civilisation de l'ancien Mexique buvait déjà du chocolat il y a 2600 ans. On peut penser qu'ils ont domestiqué la culture du cacaoyer qui a toujours été considéré comme l'arbre des dieux. Au Belize fut découvert un pot contenant des traces de cacao ce qui prouve l'existence d'une consommation de chocolat dès le VIe siècle .
Les mayas ont également développé la culture du cacaoyer. Les graines de cacao avaient une valeur importante et auraient été utilisées pour faire du troc. La boisson obtenue avec ces graines était vraisemblablement utilisée à des fins thérapeutiques ou lors de certains rituels. Le livre de la Genèse Maya, le Popol Vuh, donne la découverte du chocolat aux dieux. Cette boisson aurait été confectionnée lors de l'union naturelle du héros Hun Hunaphu avec une femme du peuple Xibalba. Hun Hunaphu fut décapité par les seigneurs de Xibalba qui représentent l' enfer . Sa tête fut pendue à un arbre mort qui donna miraculeusement des fruits en forme de calebasse appelés cabosses de cacao. La tête du héros cracha à la main de la femme Xibalba assurant ainsi sa fécondation magique. Depuis, le peuple maya se sert du chocolat comme préliminaires au mariage . Le cacao permettait aussi de purifier les jeunes enfants mayas lors d'une cérémonie. De même, le défunt était accompagné de cacao pour son voyage vers l'au-delà.
Vers 1300 après J.-C., les Aztèques associèrent le chocolat à Xochiquetzal, la déesse de la fertilité. Dans l'ancien Mexique, le chocolat était consommé dans une boisson amère et pimentée appelée xocoatl, souvent aromatisée à la vanille , au piment et au roucou . Le xocoatl était censé combattre la fatigue, une croyance qui est probablement attribuable à la théobromine . Seuls les nobles et les guerriers consommaient du chocolat car le cacao était une marchandise rare qu'il fallait importer depuis les vergers du Tabasco et du Soconuzco appartenant aux mayas. Le cacao était un produit précieux dans toute la Méso-Amérique précolombienne et les fèves de cacao étaient souvent utilisées comme monnaie d'échange. D'autres boissons chocolatées le combinaient avec des produits comestibles tels que les gruaux de maïs (qui agissaient comme un émulsifiant ) et du miel .
La conquête du chocolat
Christophe Colomb jeta par-dessus bord les fèves qu'il avait reçues des Amérindiens : l'explorateur les aurait prises pour des crottes de chèvre laissant ainsi à Hernán Cortés le privilège d'être le premier, en 1528 , à en rapporter à ses maîtres d'Espagne. C'est lors de la conquête du Mexique en 1519 que Cortés découvrit le breuvage chocolaté. La consommation de cacao fut très répandue chez les missionnaires et conquistadores du nouveau monde. La découverte de la canne à sucre permis de rendre le chocolat moins amer et plus abordable à tous.
La première introduction du chocolat en Europe se fait à la cour du roi Charles Quint au XVIe siècle . Dès le XVIIe siècle , le chocolat devient une ressource très appréciée de l'aristocratie et du clergé espagnol. Le chocolat s'étend alors dans les autres colonies espagnoles comme les Flandres et les Pays-Bas . En 1615 , la France découvre le chocolat à Bayonne à l'occasion du mariage de l'infante espagnole Anne d'Autriche avec Louis XIII . Mais c'est Louis XIV et son épouse Marie-Thérèse d'Autriche qui font entrer le chocolat dans les habitudes de la cour du château de Versailles . Le chocolat est alors consommé chaud sous forme de boisson comme le café . Mais seule la cour du roi avait accès à cette boisson. Le peuple ne pouvait pas y accéder.
La consommation de chocolat se répand parmi les nobles et les riches. Il fallait avoir bu le fameux breuvage provenant d'outre-Atlantique. La marquise de Sévigné dit du chocolat, dans ses Lettres, qu'il vous flatte pour un temps, et puis il vous allume tout d'un coup une fièvre continue. Le chocolat restait l'apanage des plus riches.
Démocratisation du chocolat
C'est durant la révolution industrielle que le chocolat devient accessible à tout le monde. Il devient un objet de négoce et de commerce qui se popularise et commence à prendre de nombreuses formes. En 1826 , le hollandais Coenraad Johannes van Houten dépose un brevet sur un cacao dégraissé plus digeste. Le chocolat est vendu comme un aliment bienfaisant au grand bonheur des chocolatiers. Le début de l'industrialisation de la poudre de cacao permet de faire baisser le coût du produit.
Son introduction en France est due à la migration vers Bayonne de juifs espagnols fuyant l' Inquisition .
Naissance de l’industrie chocolatière
C'est au début du XIXe siècle qu'apparaissent les premières fabriques de chocolat en Europe avec les futurs grands noms de ce qui va devenir au milieu du siècle une industrie chocolatière.
Le chocolat est couramment consommé en Catalogne espagnole et en France en Roussillon : la première fabrique de France est fondée par le chocolatier Jules Pares, en 1814, dans les Pyrénées-Orientales (origine du groupe CEMOI).
En 1815 , le hollandais Coenraad Johannes van Houten crée une première usine suivi quelques années plus tard par les suisses Cailler , Suchard (en 1824 ), Kohler (en 1828 ), Lindt et Tobler .
En 1821 , l'anglais Cadbury produit le premier chocolat noir à croquer. Pour répondre aux besoins de l'industrie, les cacaoyers sont introduits en Afrique et les premières plantations créées. Apparaissent alors les chocolateries industrielles, principalement en France , en Suisse et aux Pays-Bas .
En 1828 , Van Houten dépose un brevet pour le chocolat en poudre. Ce brevet dégage l'excédent du beurre de cacao. 1830 voit l'apparition du chocolat aux noisettes inventé par Kohler. En 1847 , le chocolat en tablette est commercialisé par la société anglaise Fry.
En 1848 , Victor-Auguste Poulain crée une chocolaterie -confiserie industrielle à Blois.
En 1856 , Jacques Klaus crée sa première fabrique de chocolat au Locle en Suisse.
En 1862 , c'est au tour de la chocolaterie Rowntree en Angleterre de voir le jour, puis en 1868 , celui de la première chocolaterie Tobler en Suisse. En 1870 , ce dernier met au point le chocolat au lait. Cette même année Émile Menier fait construire une usine moderne de production de chocolat à Noisiel en Seine-et-Marne . Cette usine fit baisser le coût du chocolat en France. Elle est aujourd'hui classée monument historique avec la cité ouvrière attenante.
En 1875 Daniel Peter met au point après de long essais le chocolat au lait dans sa fabrique de Vevey.
En 1879 , Rodolphe Lindt invente le chocolat fondant et crée sa première chocolaterie en Suisse. Sa technique consistait à laisser tourner le broyeur contenant le chocolat pendant longtemps afin de rendre la pâte de cacao plus onctueuse. Son secret ne fut percé qu'en 1901 au moment où il tombait dans le domaine public.
Le début des années 1880 marque le développement de l'industrie chocolatière belge avec l'apparition de la première chocolaterie Côte d'or .
Au début des années 1920 apparaissent les premières barres chocolatées : le hollandais Kwatta invente les premières barres de chocolat de 30 grammes. L'américain Mars lance le Milky Way et le hollandais Nuts sa barre aux noisettes éponyme.